lundi 2 avril 2012

Du respect animal dans l'usage de la pharmacopée chinoise

     


           La pharmacopée traditionnelle chinoise a développé des savoirs de guérison sur la santé humaine à partir des 3 règnes naturels: le règne végétal, le règne minéral et le règne animal.
En réalité, les plantes sont les constituants majeurs des formules utilisées.

          Des substances minérales comme le talc, le gyspe, des fossiles appelés "os draconis", la coquille d'huitre.....rejoignent certaines prescriptions.
 Elles ont des actions plus ciblées  et plus fortes que les plantes mais sont difficiles à assimiler par l'estomac et la rate de par leur nature froide. Elles sont donc à utiliser avec précaution et seulement lorsque le patient présente une énergie digestive suffisante.

Qu'en est il de l'utilisation de produits animaux et quelles règles éthiques dans le recours à cette source de substances thérapeutiques?

           On entend parler par les médias des dérives de l'utilisation par la pharmacopée chinoise de produits animaux issus d'espèces protégées ou bien de la cruauté des conditions d'élevage  des animaux  pour le prélèvement des substances pharmaceutiques.
Je ne nie pas les mauvaises conditions d'élevage des animaux en Chine ni les conséquences de l'usage d'animaux protégés sur les biotopes. La chine moderne est bien loin des  fondements philosophiques qui ont permis de développer un savoir du vivant, une conscience écologique du microcosme au macrocosme....

            Je suis praticienne de médecine traditionnelle chinoise  mais je n'ai jamais prescrit aucune de ces substances. En aucun cas , je ne cautionne les pratiques cruelles  envers les animaux et irrespectueuses de la biodiversité.

Depuis plus de 50 ans déjà, des professeurs de médecine traditionnelle chinoise ont fait le choix d'une pratique éthique de la pharmacopée traditionnelle.

Le Pr Leung Kok yuen , médecin exilé de Chine il y a une cinquantaine d'année a ainsi formé des centaines  de praticiens de médecine traditionnelle chinoise en occident; europe, canada, états unis principalement....
Ainsi, dans la formation que j'ai reçue au C.E.D.R.E. ( Collectif d'Etude, de Développement et de Recherche en Ethnomédecine), les formules traditionnelles contenant des produits tels que bile d'ours, griffes de tigre, corne de rhinocéroce....ont été revues et réadaptées par Leung Kok yuen.
Son expérience de la pharmacopée est issue  de sa pratique et des nombreuses générations de médecins qui l'ont précédé, il s'agit d'une transmission familiale de la médecine, et non d'une transmission académique. Cette adaptation a pu être mise en pratique et ses effets vérifiés sur plus d'un siècle.
L'académisme ne garantit pas, à mon avis une qualité d'évolution et de transmission des savoirs car la pression sociétale dans une dictature telle que celle qui est en place en Chine nivelle le contenu des enseignements.

 En pratique, usage des produits animaux:
 - le moins fréquent possible
 - de  substances prélevées sur les seuls animaux d'élevage après abattage ou mort naturelle
exemple: corne de buffle d'eau, gélatine de peau d'âne.


Pourquoi utiliser des produits d'origine animale?

La gélatine de peau d'âne remplace les plantes habituelles toniques du yin en cas de gravité.
Son action   thérapeutique  reconstructrice du yin (structure et liquides des organes) est plus forte et plus rapide que celle des plantes, elle est donc justifiée lorsque les plantes ont échoué à garantir une tonification du yin ou lorsque le diagnostique a mis en évidence une forme grave  d'atteinte du yin, par exemple après une maladie grave, après radiothérapie, chimiothérapie, chez les vieillards........

Idem, pour la corne de buffle, celle ci est prélevée après la mort du buffle, ce magnifique animal a bien trop de valeur pour le travail des rizières. Cette substance sera préconisée dans les formes de chaleur avec toxines  d'atteinte  aigue avec un caractère d'urgence comme scarlatine, fièvre typhoide.....